Extrait de la préface (p.2 dans le texte en ligne) :
Exemple : j'évoque le premier voyage nocturne dans les wagons plombés et je mentionne que certaines personnes avaient profité de l'obscurité pour commettre des actes sexuels. C'est faux. Dans le texte yiddish je dis que« des jeunes garçons et filles se sont laissés maîtriser par leurs instincts érotiques excités. » J'ai vérifié auprès de plusieurs sources absolument sûres. Dans le train toutes les familles étaient encore réunies. Quelques semaines de ghetto n'ont pas pu dégrader notre comportement au point de violer coutumes, mœurs et lois anciennes. Qu'il y ait eu des attouchements maladroits, c'est possible. Ce fut tout. Nul n'est allé plus loin. Mais alors, pourquoi l'ai-je dit en yiddish et permis de le traduire en français et en anglais? La seule explication possible: c'est de moi-même que je parle. C'est moi-même que je condamne. J'imagine que l'adolescent que j'étais, en pleine puberté bien que profondément pieux, ne pouvait résister à l'imaginaire érotique enrichi par la proximité physique entre hommes et femmes. Autre exemple, mineur celui-là: il s'agit d'un raccourci. En évoquant la prière collective improvisée, le soir de Rosh Hashana, je raconte que je suis allé retrouver mon père pour lui embrasser la main, ainsi que je le faisais à la maison; j'ai oublié de noter que nous étions perdus dans la foule. C'est Marion qui, toujours soucieuse de précision, a relevé ce détail aussi. Cela dit, en relisant ce témoignage, de si loin, je m'aperçois que j'ai bien fait de ne pas attendre trop longtemps. Avec les années, je me surprenais - à tort - à douter de certains épisodes.